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Il était temps. J’avais donné rendez-vous à Ethan cet après-midi dans un café afin que nous discutions. Je l’avais appelé le jour de mon retour, ne précisant pas que c’était pour de bon. Je préférais lui avouer ça de vive voix. Ethan avait réfléchi un instant avant d’accepter et j’avais été un peu secouée par ça. Je pensais qu’une fois que je serais de nouveau ici, tout irait pour le mieux. Je vivais sans doute dans le déni. Notre relation s’était dégradée. Comme beaucoup, il ne comprenait pas que je m’obstine à étudier alors que j’avais des enfants à voir grandir. J’espérais que tout puisse s’arranger vite, même si je commençais à avoir des doutes… Avec Ethan, on avait souvent eu des hauts et des bas, mais là autant dire qu’un froid glacial s’était installé entre nous. J’avais lutté pour que cela ne dure pas, mais Ethan faisait comme de la résistance… Comme si tout le monde ici voulait me faire payer le fait que je fasse des études. C’était dur à vivre.

Stressée, j’étais arrivée en avance, et j’avais commandé deux cafés. Je connaissais la commande d’Ethan car avant les tensions, nous étions très proches. C’est une fois assise à une table que je me rendis compte qu’il n’avait peut-être plus les mêmes habitudes… La réalité me rattrapait, la vérité me frappait de plein fouet : j’étais égoïste. En partant en Europe, j’avais surtout abandonné mes enfants, mais pas seulement. J’avais abandonné tout le reste. Mes frères et soeurs, Ethan, Benjamin, l’ensemble mes amis. Personne ne semblait s’être réjoui un instant pour cette opportunité d’étudier en France, et je commençais à comprendre doucement pourquoi.

Je regardais ma montre. La peur au ventre, je commençais à me demander si Ethan allait venir… J’aurais le coeur brisé et l’air stupide si il ne venait pas… Et alors que je commençais à me faire des tonnes des scénarios catastrophes dans ma tête, je vis sa silhouette se diriger vers moi. Je ne pus m’empêcher de sourire. « Ethan ! J’ai eu peur que tu ne viennes pas… » Je l’invitais à s’assoir. « Je t’ai pris un café comme euh… Comme ceux que tu prenais autrefois. » J’étais un peu mal à l’aise, ne sachant pas vraiment comment il allait se comporter face à moi.

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Cela faisait maintenant quelques jours que j’avais reçu l’appel de Hoda m’annonçant son retour en ville. Ma meilleure amie semblait décidée à ne plus fuir en Europe. Cette fois-ci, elle revenait pour de bon auprès de sa famille et de ses amis. L’intention était bonne mais les circonstances de son départ rendaient l’acceptation de son retour un peu plus complexe que prévu. Je ne me voyais pas l’accueillir les bras ouverts comme si elle était partie une semaine à l’autre bout du monde pour se reposer alors qu’elle avait fait le choix de laisser ses enfants et toute sa vie ici pour faire ses études en Europe. Je n’avais rien contre le fait qu’elle est voulue découvrir de nouvelles choses et étudier ailleurs, je l’avais fait pendant plus d’un an mais ce que je ne pardonnais pas aussi facilement c’était l’abandon de ses enfants pour se consacrer à sa carrière et à elle seule. Ce départ m’avait fait réaliser à quel point la jeune femme pouvait être égoïste et ce même avec les personnes qu’elle aimait le plus au monde…

J’avais donc pris un moment avant d’accepter de la revoir. J’étais un peu énervé contre elle, encore plus maintenant qu’elle pensait que son départ n’avait rien changé et que tout était comme si elle était partie trois heures. Mais j’avais fini par dire oui à ce rendez-vous dans un café de la ville. Je n’allais pas laisser de côté tout ce que nous avions vécu sans écouter ce qu’elle était devenue après ce séjour en France. Peut-être avait-elle changé ? Peut-être avait-elle compris l’impact de ses décisions sur la vie de son entourage et appris à assumer ses choix ?

J’arrivais donc dans le café où le rendez-vous était pris. Il n’y avait pas grand monde, si bien que je repérais facilement Hoda et m’avança vers elle. Elle se leva et m’avoua avoir eu peur que je ne me montre pas. Cette pensée m’avait en effet traversé l’esprit mais j’étais quand même là, bon avec 5 minutes de retard mais là quand même. Je lui souris sincèrement. J’étais tout de même heureux de la revoir après tout ce temps. Bien sûr que je suis venu ! Je pris place en face d’elle et regarda le café qu’elle m’avait commandé avec une grimace. Alors non je ne bois plus de café, plus d’alcool et je suis devenu végétarien mais t’en fais pas, tu ne pouvais pas savoir… Je la regardais se décomposer devant ma réponse avant d’éclater de rire. Je plaisante, merci pour le café, ca fait plaisir qu’après tout ce temps tu te souviennes toujours de mes goûts !

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Assise seule devant les deux cafés, j’eus comme l’impression d’attendre une éternité. Pourtant, seules quelques minutes étaient passées, mais mon angoisse ne cessait de se remuer dans mon ventre. J’avais encore vraiment du mal à être en phase avec tout ça, mon départ, les réactions de mes amis… Peut-être qu’Ethan allait venir et me dire qu’il ne souhaitait plus me fréquenter. Je l’accepterais. Difficilement certes, mais je ne pourrais aller à l’encontre de ses choix.

Il était finalement arrivé et je lisais sur son visage qu’il était heureux d’être là, de me revoir. Cela me soulageait déjà un peu, j’avais réellement eu peur qu’il se montre froid dès le départ. Seulement une fois assis, Ethan m’avoua qu’il ne buvait plus de café, et tout un tas d’autres changement qui m’étonnait grandement. Je fronçais les sourcils, tentant de retenir ma stupeur. « Oh, euh… » Ethan se mit à rire et m’avoua qu’il rigolait. Je poussais un soupir de soulagement, riant à mon tour. « C’est normal, tu restes mon meilleur ami. » Néanmoins, il aurait pu changer. Tout ce temps ou j’étais partie… J’avais dû louper une tonne de choses…

Il était d’ailleurs temps d’aborder le sujet. Je baissais les yeux un instant, réfléchissant à comment lancer le sujet. « Ecoute… Je suis vraiment désolée d’être partie si longtemps et précipitamment. Cette fois je suis définitivement de retour. » Je lui fis un sourire un peu plus timide. Je savais qu’il n’était pas obligé de me pardonner aussi rapidement, aussi facilement. « J’espère que l’on pourra rattraper le temps perdu. » Même si ma relation avec Ethan avait souvent eu des complications, il restait l’une des personnes les plus importantes pour moi et je ne supporterais pas de le perdre.

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J’avais beau en vouloir à Hoda d’être partie de la sorte et d’avoir laissé derrière elle toute une famille qui comptait sur elle et qui l’aimait, je ne pouvais pas résister très longtemps à ce sourire accueillant. Je fis même une blague pour lui signifier que j’étais enclin à lui parler et à rigoler avec elle. Loin de moi l’idée de tout lui pardonner aussi facilement. Je gardais une certaine rancune et une certaine incompréhension face aux choix qu’elle avait fait et à ses actes mais je ne voulais pas non plus que ce soit notre seul sujet de discussion. Hoda était ma meilleure amie et malgré la distance et les désaccords, elle le resterait toujours, je me devais donc de la mettre dans de bonnes conditions pour qu’elle me parle des raisons de ses choix et de savoir si elle regrettait ses actes ou non. Bien que connaissant la jeune femme, je doutais qu’elle regrette un jour d’avoir fait des études en Europe.

Je m’assis donc en face d’elle et pris une gorgée du café qu’elle avait commandé pour moi alors qu’elle me signifiait que je restais son meilleur ami. Cela me fit sourire, surtout quand je repensais à tout ce que nous avions traversé pour en arriver là. Elle enchaina d’ailleurs avec la dernière épreuve en date de notre amitié, son départ incompréhensible. Je la regardais, perdant mon sourire de façade que j’affichais depuis le début. Ce n’est pas à moi qu’il faut que tu t’excuses Hoda… Moi je peux vivre sans toi… Je peux me contenter de t’avoir au téléphone et de prendre de tes nouvelles par SMS… Ce sont tes enfants qui ont besoin de leur mère et de ta présence, c’est à eux que tu vas devoir t’excuser pour le reste de tes jours... C’était cash et un peu violent ? Tant mieux car je voulais la faire réagir, lui faire comprendre que c’était le fait d’abandonner ses enfants que je ne cautionnais pas, je me fichais éperdument qu’elle aille faire ses études en Europe, je l’avais fait moi aussi mais je n’avais pas d’enfant en bas âge à gérer… Je souris en coin à sa remarque et répondis, légèrement amer : On ne rattrape jamais le temps perdu, on se construit juste de nouveaux souvenirs qui efface ceux survenus pendant l’absence… Par ces mots, je lui signifiais que j’étais prêt à la revoir dans ma vie et à récupérer ma meilleure amie mais que je n’oublierais jamais ce qu’elle avait fait et qu’il lui faudrait un peu plus que des belles paroles pour s’en sortir…

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Les mots ne suffisaient pas. Même face à mon meilleur ami. Et je le comprenais. Pour la première fois sans doute, j’essayais de me mettre à sa place. A la place de tout ces gens qui m’en voulaient suite à mon choix. Et je comprenais à peu près. Certains étaient blessés que je parte comme ça. Mais beaucoup me trouvait égoïste et irresponsable de quasiment abandonner mes enfants à leur père, en bas âge, les laissant sans doute dans l’incompréhension la plus totale. Si j’avais été spectatrice moi même de la situation, je n’aurais pas pu m’empêcher de penser qu’effectivement, il fallait ne penser qu’à soi pour agir ainsi. Mais j’étais comme ça. Depuis toujours. Et parfois, nos défauts avaient le dessus. Je savais pertinemment que les gens finiraient par me pardonner. J’avais comme appris de mon erreur.

« Je sais bien Ethan... » Je baissais les yeux, remuant ma cuillère dans mon café lentement, tout en réfléchissant. Il ne fallait pas que mes émotions me submergent, malheureusement, j’avais l’impression que c’était déjà trop tard. « Tu penses… Qu’ils comprendront un jour ? Que je les aimais malgré tout ? » Parce que même si apprendre que j’étais enceinte n’avait pas été le moment le plus joyeux de mon existence, j’aimais mes enfants par dessus tout. Partir en Europe n’était pas une décision prise dans le but d’abandonner mon rôle de mère. Je voulais simplement réussir ce que j’avais entrepris, et de la meilleure façon possible. « Je vois… » Annonçais-je à Ethan. Je comprenais qu’il m’en veuille. J’avais bien compris que tout le monde m’en voulait. Et l’effet que cela me faisait était atroce. Car pendant ce temps en Europe, j’avais compris que ma place était ici. Mais désormais… Je ne me sentais plus légitime, d’être là, face à toute cette rancoeur. « Je ne sais plus quoi faire Ethan. Je sais que les mots ne suffisent pas… » Je ne voulais absolument pas me positionner comme une victime, je n’en étais pas une. Simplement lui faire comprendre que j’étais perdue et que je ne savais absolument pas comment me racheter auprès de tout le monde, et surtout auprès de mes enfants et de Benjamin.

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Comment pardonner ? Comment accepter cet abandon volontaire ? Je pouvais comprendre sa volonté de compléter sa formation, de découvrir d’autres cultures, d’autres langues et de toujours s’améliorer pour devenir la meilleure dans son domaine mais je ne pouvais pas imaginer cela lorsque l’on ajouter des enfants dans le tableau. Hoda avait été égoïste, pire que ça, elle avait été égocentrique, pensant que à son retour, on serait tous là, le sourire aux lèvres, le cœur sur la main et les compliments à la bouche. Cela avait dû lui faire un choc de découvrir que Benjamin lui en voulait et qu’il ne voulait pas qu’elle voit ses enfants avant de s’assurer qu’elle ne repartirait pas de sitôt. Cela avait dû lui faire un choc de savoir que moi aussi je lui en voulais. Après tout, je n’étais que son meilleur ami et j’avais moi-même filé vers l’Europe pendant plusieurs mois laissant ma sœur derrière moi. Oui mais voilà, je faisais parti d’une autre catégorie de gens, celle des orphelins et je ne pouvais pas comprendre qu’un parent abandonne volontairement son enfant alors que la vie est assez vicieuse pour se charger de ce genre de besogne…

Je bus une gorgée de café tout en écoutant la jeune femme qui se demandait si ses enfants comprendraient un jour. Je soupirais et secouais la tête de droite à gauche. Aucune idée… Je pense qu’ils comprendront que tu les aimais mais pas forcément pourquoi tu es parti… La carrière est importante Hoda… Je le sais, mes parents ont sacrifié énormément pour les leurs mais ils ont toujours refusé de partir plus d’une semaine ou deux loin de nous… Et toi… Tu es partie pendant des mois… Tu sais que la vie c’est fragile ? Que demain, tu peux mourir, je peux mourir, Benjamin peut mourir, tes enfants peuvent… Je ne finissais pas ma phrase, cette idée était trop dure à supporter. Enfin tu m’as compris… Chaque moment est précieux et tu en as gâché des dizaines en voulant juste être une meilleure avocate… Mais la bonne nouvelle c’est qu’il t’en reste encore des dizaines et des dizaines à vivre avec eux… La jeune femme baissa les yeux, elle semblait prostrée, comme touchée par ce que je disais, c’était une bonne chose, elle se rendait compte de ses erreurs et des conséquences de ses actes, c’était un pas vers le pardon. Un petit certes mais un pas quand même. La seule chose qui peut t’aider maintenant, c’est le temps… Les mots ne suffisent pas mais le temps aide à guérir les blessures… Tu auras le pardon de tes proches, ne t’en fais pas, laisse leur juste le temps de digérer ce que tu as fait…

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Oui, tout pouvait changer du jour au lendemain. Des choses tragiques pouvaient arriver, le pire même, après tout, personne n’était à l'abris. Et je n’aurais pas été là. Non, je me confortais dans le fait que Benjamin prenait bien soin des enfants, oubliant que ces derniers avaient besoin de leur mère, et que leur père ne pouvait pas assumer les deux rôles. « Oui je le sais… » Mon immaturité avait fait que je ne m’étais pas rendue compte de tout ça sur l’instant. Mais j’étais persuadée que tout cela pouvait être rattrapable si j’évitais le moindre faux pas à partir de maintenant. « J’en ai pris conscience… J’aimerais juste que les gens cessent de me reprocher ça tous les jours désormais. » J’haussais les épaules. Je n’avais pas été froide, je n’aurais pas osé. Je méritais d’être vue ainsi. Seulement les gens changent, les gens réparent leurs erreurs, alors j’espérais que rapidement, tout cela ne serait que des mauvais souvenirs.

Ethan mentionnait le temps et j’hochais la tête. Le temps oui. Je laisserais à mes proches tous le temps qu’il leur faudra. « Tu as besoin de combien de temps toi ? » Lançais-je finalement à la légère. Ou peut-être que mon ton était léger, mais que j’attendais une réponse plus ou moins sérieuse. Histoire d’anticiper combien de temps j’allais encore endurer cette situation. « Encore heureux que mes études aient été une réussite, je n’imagine même pas si j’avais fait tout ça pour rien… » Je baissais les yeux, poussant un soupir.

Je bus une dernière gorgée de café avant de me concentrer à nouveau sur Ethan. C’était fou comme il n’avait pas changé physiquement. Toujours le même. « Bon ! Assez parlé de moi maintenant ! Dis moi tout ce que j’ai raté de ta vie ! » Evidemment, je ne m’attendais pas à ce qu’il dévoile ses secrets et ses histoires les plus privées tout de suite. Mais je restais sa meilleure amie, alors si il était partant… J’étais prête à l’écouter, le conseiller, rigoler avec lui… Comme avant.

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Je souris doucement à la remarque de la jeune femme. Oui elle savait que la vie ne tenait qu’à un fil. Enfin elle le savait surtout dans les mots car dans les faits, elle n’avait jamais eu le malheur de perdre quelqu’un de proche, elle n’avait jamais ressenti cette douleur destructrice qui vous fait douter de tout et même de la légitimité de votre propre existence sur Terre. Je ne lui souhaitais pas de connaitre un jour ce traumatisme mais elle devait prendre conscience de la fugacité de son existence et surtout de celle de ses proches. Ne dit-on pas que ce sont les meilleurs qui partent les premiers ? Je secouais à la tête de droite à gauche avec un semi-sourire à la suite de son discours. La seule solution que tu as, c’est leur prouver qu’ils doivent oublier ce passage et se concentrer sur ce que tu vas faire pour tes enfants par la suite ! Tu dois prouver que tu mérites la confiance que les gens vont t’accorder à nouveau… Mais là aussi cela va prendre du temps, en attendant, ne les écoute pas, essaye de ne penser qu’aux plus importants, tes enfants !

Je bus une gorgée de café alors que la jeune brune me demandait combien de temps je mettrais à lui pardonner, je souris doucement. Toute une vie ! Comme ça, je suis sûre que tu ne fuira plus loin de moi ! Je n’étais qu’à moitié sérieux en disant cela car il est vrai que le départ de la jeune femme m’avait attristé et que les nouvelles s’étaient faites de plus en plus rare, mettant à mal notre amitié si forte auparavant et si importante à mes yeux. Je la regardais baisser les yeux après m’avoir annoncé que ses études avaient été une réussite. Tu as finalement trouvé ta spécialité ? Quand est-ce que tu passes le barreau ? Le barreau était l’examen de fin des études de droit et donnait l’autorisation aux futurs avocats d’exercer, je savais que Hoda n’en était plus très loin mais je ne savais plus combien de temps il lui restait exactement.

Je regardais la jeune femme qui me demandait les nouvelles de ma vie. Pas grand-chose… Tu sais ma vie est plutôt platonique, surtout depuis que je suis revenu de France… Et toi ? Un européen aurait-il su s’emparer de ton cœur ?

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Assez des mots, il fallait des preuves. J’espérais que mes enfants me pardonneraient. Qu’ils comprendraient un jour. Evidemment que j’allais me concentrer sur eux. C’était en grande partie pour cela que j’étais revenue. Pour eux. Pour reprendre ma vie là ou je l’avais laissée, vie qui m’avait manquée. Ethan me disait de ne plus écouter ces reproches. C’était plus facile à dire qu’à faire malheureusement. Cela me hantait, cette idée de ne finalement n’être jamais pardonnée par mes proches. Pourquoi ne pouvaient-ils pas comprendre ? Une opportunité de carrière, ça ne se reproduit pas deux fois… « Oui évidemment. Je te remercie tellement d’être toujours là Ethan… » Je posais amicalement ma main sur la sienne, réellement heureuse de retrouver un ami. Mon meilleur ami, toujours là malgré tout.

Je me mis à rire quand il disait avoir besoin de toute une vie. « Tu peux en être certain ! » Je l’avais promis à plusieurs personnes maintenant, et surtout à mes enfants. J’allais rester ici avec eux. Je ne trahirais pas ma parole. « Eh bien j’ai encore un stage de six mois à faire, stage qui débouchera certainement sur un emploi, et suite à cela, une soutenance finale. Puis terminé, enfin ! » J’avais hâte d’être libérée pour me plonger enfin réellement dans le monde du travail.

J’avais demandé les nouveautés dans la vie d’Ethan. J’avais presque l’impression qu’il ne voulait pas en parler. Rien de nouveau, vraiment ? Après tout ce temps ? Bon, peut-être qu’il se confierait plus tard. En attendant, il avait mis le sujets des amours sur le tapis. Je baissais les yeux, sentant le rouge me monter aux joues. « Oh non, pas d’européen… » J’avais eu un flirt en France qui ne s’était finalement jamais concrétisé. Parce que j’étais concentrée sur mes études, et puis que finalement… Je pensais peut-être encore un peu à Benjamin. Et l’avoir revu récemment… Dire que je n’avais rien ressenti, ça serait mentir. « Et toi alors ? » Lançais-je finalement en haussant les sourcils, d’un air malicieux.  

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La jeune femme me remercia chaleureusement d’être là. Je souris, elle était ma meilleure amie et malgré les hauts et les très bas de notre relation, je ne pouvais nier que la belle brune resterait toujours une personne très importante de ma vie. Je ne pouvais pas consciencieusement la laisser tomber alors que son seul crime contre moi avait été de donner moins de nouvelles lorsqu’elle avait poursuivi ses rêves en Europe. Je pouvais lui en vouloir d’avoir laissé ses enfants derrière mais au final, ce n’était pas un crime engendré contre moi, c’était contre Benjamin et ses enfants, je n’avais rien à voir là-dedans, je pouvais juste exprimer mon ressenti et lui donner des conseils mais je n’étais pas celui qu’il fallait reconquérir dans cette histoire. Tu restes ma meilleures amie Hoda, je serais toujours là …

Nous enchainions ensuite sur le sujet des études. Car après tout c’était la raison de son départ et je voulais savoir si ce voyage avait été bénéfique pour elle ou non. Vu le temps qu’elle y était restée, j’espérais pour elle parce que sinon, elle avait perdu de nombreux mois dans sa carrière mais elle me rassura immédiatement en m’annonçant qu’il ne lui restait en fait plus que quelques mois seulement pour être dans la vie active. Je la regardais avec une pointe de jalousie, il me restait un minimum de 4 ans à faire pour être certifié docteur et autant vous dire que 4 ans en étude de médecine, c’est très long… Je t’envie de pouvoir en finir avec tout ça dans moins d’un an ! Pour moi c’est un autre combat, encore 4 ans si je veux me spécialiser en pédiatrie… Hoda connaissait mon choix d’avenir après la fin des études de médecine commune. Peu de gens connaissaient ce choix mais ceux qui le savaient, connaissaient l’importance de cette voie pour moi, c’était mon rêve et je me battrais jusqu’au bout pour l’atteindre, même si ce n’était que du bout des doigts.

Le sujet des amours sembla faire vaciller la jeune Hansen qui rougissait à vue d’œil. Pas d’européen en vue, vraiment ? Je levais un sourcil inquisiteur. Tes mots disent quelque chose et tes joues autre chose Hoda… Alors comment il s’appelle ? J’étais tenace quand il s’agissait de découvrir les secrets des autres et Hoda ne me résisterait pas longtemps, j’en étais convaincu ! Seulement, la question se retourna bientôt contre moi et je ne pus m’empêcher de sourire en coin en pensant à Heather. Disons que rien de sérieux pour le moment mais que je passe pas mal de temps avec une certaine jeune femme… Autant être honnête tout de suite avec Hoda, sinon je savais qu’elle me tirerait les vers du nez sans mal et que je serais obligé d’en dire plus que ce que je voudrais…

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Sa meilleure amie. Je l’étais toujours. Ca faisait finalement du bien à entendre. C’était un réconfort, de savoir que j’avais au moins encore un ami sur qui compter. Mais cela ne m’étonnait pas réellement d’Ethan. Il avait toujours été fiable.

Le vaste sujet des études était ensuite arrivé sur le tapis. Il m’enviait de finir d’ici peu de temps. J’étais soulagée aussi, même si entrer dans le monde du travail me stressait un peu. C’était le saut vers la vraie vie, vers l’indépendance totale. Le statut d’étudiant finalement, c’était peut-être plus rassurant, même si extrêmement fatiguant. Ethan en avait encore pour quatre ans. Il faisait de belles études, même si très difficiles, de ce que j’en savais. Je n’aurais personnellement plus le courage de faire une année supplémentaire. « Tu vas y arriver, je crois totalement en toi Ethan ! » Et puis la pédiatrie, c’était si beau. Je voyais tout à fait Ethan y parvenir.

Et enfin le sujet des amours. Arf, de mon côté il n’y avait vraiment rien à dire… L’amour, ça avait toujours été compliqué. Et puis, je n’avais plus envie de souffrir à cause de ça. Alors je ne m’impliquais plus, et les flirts restaient des flirts, rien de plus. Ca ne servait à rien pour le moment. Surtout depuis mon retour à Phoenix. Après mon stage, j’aurais mon dernier semestre à valider, un job à trouver et surtout rattraper tout le temps perdu auprès de mes enfants et de mes quelques amis. Existerait-il quelqu’un de prêt à subir ce programme en ma compagnie ? Je n’en étais pas certaine. Et ça m’était égal finalement. L’amour me retomberait dessus un jour, quand je ne m’y attendrais pas. « Je t’assure qu’il n’y a rien à raconter ! » Lançais-je en riant. « Je ne pensais absolument pas à ça en France… Et puis tu sais… Benjamin. » Je n’avais pas à en dire plus, Ethan comprendrait sans doute. De son côté, il mentionnait avoir passé du temps avec une jeune femme. Cela attisait ma curiosité. « Oh, mais c’est génial ça ! Vous vous êtes rencontrés comment ? » -

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Les études, ce vaste temple de la connaissance dans lequel on va passer plus du tiers de notre petite existence terrienne à se cultiver et à apprendre des choses qui feront de nous des êtres supérieurs. J’avouais sans problème qu’après plus de 20 ans passés sur les banc de l’école, j’étais prêt à mettre un terme à tout cela, à me lancer dans la vie, à devenir utile à la société, à avoir l’impression de faire quelque chose pour quelqu’un et pas seulement de tuer des arbres en imprimant des milliers de pages pour me bourrer le cerveau de trucs qui ne me serviront probablement pas ou peu. Je souriais à la brune qui m’encourageait, elle avait raison, j’allais y arriver mais la route serait encore longue et probablement semée d’embûches, j’ignorais juste encore à quel point les embûches seraient rudes à passer…De toute façon, c’est pas maintenant que je vais faire marche arrière…

Les amours, autre sujet qui pouvait faire chavirer les cœurs et les têtes mais qui bizarrement était beaucoup plus intéressant que les études, beaucoup plus passionnant, beaucoup plus excitant aussi. La vie sentimentale de ma meilleure amie ne semblait pas vraiment être torride en ce moment même si je ne doutais plus de son pouvoir de séduction, après tout, j’étais tombée à pieds joints dedans quelques années auparavant. Mais elle ne pensait pas à tout cela durant son voyage. En revanche, la fin de sa phrase me fit lever un sourcil. Comment ça Benjamin ? La belle aurait-elle toujours une flamme pour son premier amour, pour son éternel amour ? Je n’en avais presque jamais douté mais qu’elle l’admette ainsi me prouvait à nouveau que son séjour en Europe l’avais réellement changé. Qu’est-ce qu’il a Benjamin ? Toujours amoureuse de lui ? Tant que nous étions sur le sujet, j’en profitais pour lui anoncer une bonne nouvelle. D’ailleurs, je me suis plus ou moins réconcilié avec lui durant ton séjour ! Il était temps d’enterrer les querelles du passé ! Surtout que ces querelles étaient nées de notre amour pour la même brune et que cette dernière n’était plus là. De plus, je ne ressentais plus ce genre d’amour pour elle, mes pensées sentimentales plutôt tournées vers une blonde rencontré quelques semaines plus tôt. Alors, comment te dire… J’étais pas vraiment sobre et je devais dormir chez un pote sur le campus, sauf que je me suis comme qui dirais trompé de chambre, je l’ai donc réveillé en pleine nuit et elle a fini par accepter de me laisser dormir dans le lit de sa colloc !