Oxana était toujours méfiante lorsque The Lying Game postait des informations bizarres. C’était souvent déformé et partial. Mais il y avait toujours une part de vérité… Mais ce qui l’inquiétait encore plus, c’était lorsque les informations bizarres venaient de sms envoyés par erreur par sa sœur. Elle avait d’abord cru avoir mal lu le message ou l’expéditeur. Elle devait cependant se rendre à l’évidence.

Ivanna avait beau essayé de nier, noyer le poisson, esquiver les questions, Oxana n’était pas dupe. Ça lui faisait bizarre de se dire que sa sœur dealait du cannabis. Que pouvait-elle bien faire d’autre ? Dealer des drogues dures ? D’autres activités illégales ? Pire encore ? ça lui travaillait l’esprit et elle n’aimait pas ça. La Ivanna qu’elle avait connu, l’enfant innocente, était bien loin.

Pour Oxana, c’était comme perdre un nouveau repère fraichement retrouvé. Elle s’inquiétait également pour la sécurité de sa sœur. Ses fréquentations ne devaient pas être plus des recommandables. Ne se mettait-elle pas en danger ? Ne manquerait plus qu’Oxana perde sa sœur à peine retrouvée. Elle n’arrivait pas à avoir plus d’informations par échanges de messages. Quand Ivanna avait proposé de se voir, la jeune femme avait accepté. Elle aurait peut-être le fin mot de l’histoire comme ça.

Ça n’empêchait pas la jolie Russe de stresser en attendant. Bosco sentait la tension de sa maîtresse et lui tournait autour. Elle se baissa pour le caresser et jouer un peu avec lui. Ça lui changeait les idées au passage, ce qui n’était pas plus mal. Oxana n’avait jamais regretté d’avoir adopté ce labrador. Il lui avait tenu compagnie, même dans les pires moments et était toujours fidèle au poste. Il était toujours joyeux, content de la voir.

Oxana continuait de se tenir occupée en préparant une citronnade fraîche et se servant un verre de vin blanc. Elle se posait beaucoup de questions, ça tournait dans sa tête. Elle se faisait des scénarios, les pires scénarios. Elle attendait Ivanna mais ne savait pas à quoi s’attendre. Cette dernière connaissait son adresse, elle n’aurait aucun mal à trouver mais elle devait partir de chez elle ou de n’importe où elle se trouvait en ce moment. Oxana qui était assez patiente habituellement, n’avait pas la moindre patience ce soir. Elle tournait comme un lion en cage.

La jeune femme passa la tête par la fenêtre lorsqu’elle entendit du bruit. C’était Ivanna qui arrivait. Bosco avait devancé sa maîtresse, il attendait déjà devant la porte en agitant la queue. La jeune femme s’approcha de la porte lorsqu’elle entendit sonner et poussa gentiment Bosco. Elle était presque timide en ouvrant la porte d’entrée. Elle avait une certaine appréhension. Elle adressa un demi-sourire à sa sœur et ouvrit en grand la porte. « Entre, je t’en prie ». Elle la suivit au salon, restant debout encore un peu. « Tu veux quelque chose à boire ? »

Suite à un échange plutôt tendu par SMS, Ivanna avait proposé à sa grande sœur qu’elles se voient pour discuter de ces dits messages. Ivanna avait reçu de la part de TLG un message qui la menaçait. En gros, Ivanna devait envoyer « accidentellement » un message à Oxana qui faisait allusion à ses activités illicites au sein de l’entreprise O’Malley. Ivanna savait de quoi était capable ce ou cette personne qui se trouvait derrière son écran, elle l’avait vu durant sa première année de vie à Phoenix, cette tarée avait même posté sur la fusillade du lycée.

Ivanna avait donc exécuté les ordres du fameux maître chanteur après quelques instants de réflexion. Elle était énervée de sa faire diriger par quelqu’un dont elle ne connaissait ni le nom, ni le visage. Mais si Ivanna le disait elle-même à sa sœur c’était mieux que si TLG le dévoilait à tout le monde sur son blog, ce qui pourrait impliquer la police… Et de toute façon elle sentait son secret en danger notamment à cause de la fois où Ethan l’avait vue passer de la drogue en boîte de nuit. Il fallait donc qu’elle désamorce la bombe.

Cependant, il était hors de question qu’Oxana en sache davantage sur les activités d’Ivanna au sein de la mafia. Elle ne pouvait pas lui dire qu’elle était partie en Europe pour faire de la photographie mais aussi pour faire du business sous les ordres de Tiphanie. Il fallait donc qu’elle en dise assez pour que sa sœur la croit mais qu’elle sache s’arrêter pour conserver ses plus sombres secrets parce qu’une différence subsistait tout de même entre vendre de l’herbe et participer à un trafic d’arme à l’échelle internationale, tabasser des gens et tout le reste quoi…

A peine elle avait envoyé le SMS disant qu’il fallait qu’elles se parlent, Ivanna s’étaient préparée pour se rendre chez sa grande sœur, dans le quartier des riches à l’est de la ville. Sur le chemin elle avait pris le temps de se calmer, n’ayant pas été très agréable avec Oxana durant leur conversation par SMS. Mais en même temps, elle ne savait pas comment réagir à ça, elle ne s’y était pas préparée. Elle avait toujours su qu’un jour elle allait lui dire, mais elle n’avait jamais réfléchi à comment ni au pourquoi, repoussant toujours ce moment critique.

Une fois devant la porte, Ivanna baissa la tête, ferma les yeux et s’arma de son plus grand courage. Elle n’allait pas lui faire le même scénario qu’à Ethan, elle allait être franche sur ses motivations. Elle sonna et à travers la porte, elle entendit le chien aboyer ce qui la fit sourire. Elle aussi aimerait bien un animal, mais Ivanna avait assez de chats à fouetter ces derniers temps « Merci. » Elle sentait que sa sœur n’était pas à l’aise et à vrai dire, elle ne l’était pas vraiment non plus. Elle se mit à croupis pour caresser le chien puis se dirigea instinctivement vers le salon « Juste de l’eau ça ira. » Ivanna avait la gorge sèche et puis ce n’était franchement pas le moment de boire de la bière. Une fois que sa sœur fut revenue avec les verres, Ivanna la regarda d’une façon un peu inquiète et puis sa lança « Ecoute, je suis désolée que t’ai eu ce message, il t’était pas destiné, enfin si. Enfin attends, voilà, c’est TLG qui m’a fait t’avouer ça. Alors ce qui est dit est vrai… Je vends de l’herbe de temps en temps, ok… voilà c’est dit. » Ça lui faisait presque du bien de le dire « Et je suis désolée pour les SMS d’après, j’étais pas sympa. » C’était pas si terrible de confesser tout ça après tout, non ?

D’expérience, Oxana savait que les messages par téléphone n’étaient pas toujours la meilleure façon de communiquer. On ne pouvait pas se rendre compte réellement des émotions de la personne, du ton utilisé, de l’intention derrière. Ça pouvait vite devenir un dialogue de sourd et empirer la situation. Oxana était suffisamment inquiète comme ça. Elle se faisait mille et une théories dans son esprit, imaginant le pire.

Oxana était donc à la fois soulagée et stressée à l’idée que sa sœur passe la voir pour s’expliquer. Elle avait besoin de savoir ce qui se tramait réellement là-dessous mais en même temps, elle avait peur de la vérité qu’elle allait découvrir. Était-ce juste un peu de marijuana comme certains adolescents sur le campus de l’université ? Était-ce que la partie visible de l’iceberg ? Bosco, son labrador, sentait son stress. Il venait contre elle, comme pour la rassurer. Elle le caressa un peu, avec un faible sourire. Cette boule de poils était attentionnée mais ça ne suffirait pas à la rassurer.

Oxana avait entendu Ivanna arriver mais son chien avait été plus rapide qu’elle à réagir. Il était déjà devant la porte à gratter. La jeune femme ouvrit la porte à sa sœur. Ça devait se sentir qu’elle n’était pas totalement à l’aise. Elle ouvrit en grand pour la laisser rentrer. Ivanna n’avait pas l’air plus à l’aise qu’elle. Elles faisaient la paire toutes les deux. La jeune Dmitrieva se pencha pour caresser Bosco. Ce dernier semblait bien l’aimer. Il agitait déjà la queue et la suivait alors qu’elle se rendait dans le salon.

Oxana lui proposa quelque chose à boire. Elle se contenterait d’eau et ça allait bien à Oxana aussi. Elle s’absenta quelques instants, laissant Bosco tout heureux d’avoir trouvé un nouvel ami de jeu. Elle revint avec deux verres d’eau et en tendit un à sa petite sœur. La tension devait se sentir. Ox ne savait ni quoi dire, ni quoi faire. Le regard inquiet d’Ivanna ne la rassurait pas plus.

Cette dernière finit par prendre la parole, rompant le silence qui commençait à devenir pesant. Ivanna commença par s’excuser. Le message ne devait pas être pour elle. Ou en fait si. Oxana fronça les sourcils, légèrement perdue. Apparemment The Lying Game l’avait forcée à envoyer ce sms. Oxana ne savait que penser de ça. Ivanna admettait vendre de l’herbe parfois mais c’était tout. Alors que sa grande sœur restait silencieuse, semblant digérer l’information, Ivanna ajouta qu’elle était désolée pour les sms suivants, elle n’avait pas été très sympa avec elle.

Oxana s’assit sur l’accoudoir du canapé, observant sa sœur. Devait-elle la croire ? « Pourquoi The Lying Game te demanderait une telle chose ? Pourquoi l’avoir fait ? » Question idiote, The Lying Game avait sûrement quelque chose sur Ivanna qu’elle menaçait de révéler. Tout comme avec Oxanna… « Juste de l’herbe, rien d’autre ? T’es sûre ? Et de toute façon, comment tu t’es retrouvée à vendre de l’herbe ?! »

Le jour inévitable des explications était arrivé. Ivanna depuis que sa grande sœur avait quitté la Russie, avait commis des actes qui l’un entraînant un autre l’avait amené là où elle en était aujourd’hui, être une dealeuse/membre d’une mafia. Elle n’était pas mécontente de son parcours, il fallait dire que selon elle, elle n’avait pas eu d’autre choix que d’emprunter celui-ci. Mais un jour, il fallait bien assumer ses actes, et ce jour était venu pour la jolie Russe.

Il fallait qu’Ivanna voit Oxana, elle ne pouvait se résoudre à quelques messages échangés, il fallait qu’elle observe la déception sur le visage de sa sœur. C’était un peu du masochisme mais il fallait qu’elle prenne de face le problème pour régler la situation. Elle qui se comportait habituellement comme une gamine grâce à son boulot au sein de la mafia, avait appris à être plus mature notamment dans le milieu des affaires. Et même si la rencontre avec Ox’ paraissait d’ordre familiale, elle était aussi d’ordre professionnelle ; il ne fallait pas que sa sœur pose des problèmes et qu’Ivanna puisse continuer d’évoluer dans son business parallèle.

Ivanna n’était pas aussi stressée que la fois où elle avait retrouvé sa sœur à l’hôpital après tant d’années, elle était surtout un peu inquiète de la tournure que ça allait prendre, de trouver les bons mots et de ne pas en dire trop. Elle espérait aussi que leur relation n’allait pas trop se détériorer, elles qui s’étaient pourtant rapprochées ces derniers mois. Enfin bref, elle ne pouvait pas spéculer sur ce qui allait se passer dans cette grande maison, il valait mieux qu’elle y entre et qu’elle se laisse guider.

Après avoir passé quelques instants seule avec le chien de sa grande sœur, Ivanna avait décidé de se lancer. Elles étaient toutes les deux assez mal à l’aise mais c’était elle qui devait des explications et c’était donc à elle de briser la glace. Pendant qu’elle avait parlé, elle n’avait pas évité le regard de sa sœur, elle voulait voir comment elle réagissait et lui montrer qu’elle ne se défilait pas. Oxana avait l’air plutôt confuse et assez dubitative. En même temps, la plus âgée des deux sœurs ne pouvait pas savoir si ce que racontait Ivanna était vrai ou faux ce qui était un avantage pour la plus jeune.

Oxana fini par prendre la parole et lui poser une question. C’était plutôt positif, au moins elle ne lui faisait pas la morale. « Pourquoi ? Bah j’en sais rien, je pense que tu vois qui c’est depuis plus longtemps que moi, elle fait chanter les gens par plaisir non ? Et si je l’ai fait c’est parce que je préférais que tu l’apprennes par moi plutôt que par une anonyme sur internet. » Ivanna chercha le regard de sa sœur pour appuyer ses propos. La prochaine question entraîna instinctivement un rictus ironique sur son visage, si elle s’était retrouvée là c’était parce qu’Oxana l’avait abandonnée en Russie. Elle ne savait pas si c’était le moment de lui dire, si elle avait le courage d’aller sur ce terrain glissant. Mais après tout, il fallait bien qu’elle lui dise un jour ou l’autre et c’est après quelques secondes d’hésitation qu’elle sa lança. « Euh comment dire ça… Tu sais quand tu es partie de Russie… Je l’ai assez mal vécu et j’ai fugué et en gros, pour survivre bah j’étais obligée de faire ça. Je te la fais courte mais si j’ai continué ici c’était pour avoir de l’argent puisque j’ai rien de nos parents. »

Oxana était tendue, inquiète. Elle ne savait pas à quoi s’attendre, ce qui était vrai ou non, si la situation pouvait être pire qu’elle en avait l’air. Ou au contraire, mieux. Peut-être qu’elle s’emballait un peu et que ce n’était pas grand-chose. M’ouais… Oxana essayait de se convaincre elle-même mais ce n’était pas très concluant. Ce n’était pas plus mal qu’elles puissent en discuter toutes les deux en face-à-face.

La jeune femme était plutôt sur ses fardes et mal à l’aise en présence de sa sœur. Bosco était tout le contraire. Le chien était tout content d’avoir de la compagnie supplémentaire et cherchait des caresses de la part de la plus jeune Dmitrieva. Ivanna avait l’air stressée elle-aussi mais moins que sa grande sœur. Il faut dire qu’elle était du bon côté de la barrière, elle savait tout à l’exception de la réaction de sa sœur. Alors qu’Oxana ne savait rien, elle n’avait que des bribes d’information via des messages.

Toujours polie et accueillante quelles que soient les circonstances, Oxana lui proposait à boire à sa petite sœur. Contrairement à la fois où Oxana était venue chez elle à Halloween, pas de bière mais de l’eau. Plus soft et sage. Sûrement que l’ambiance n’était pas la même non plus. Oxana la laissa quelques instants pour aller chercher leurs verres. Quand elle revint, un petit silence s’était installé. Ça en devenait presque gênant et malaisant.

Ivanna finit par prendre les devants et brisa ce silence. Elle s’excusa pour la tournure qu’avait pris les messages qu’elles avaient échangé, mais pour le reste… C’était The Lying Game qui l’avait forcée à envoyer ce message à Oxanna. C’est comme ça que les échanges avaient commencé. Oxana ne comprenait pas, pourquoi The Lying Game ferait ça ? Enfin, question bête… Comme le lui rappelait sa sœur, The Lying Game faisait ça pour le plaisir de faire chanter les gens, d’avoir du pouvoir sur eux et de pouvoir en jouer. Il fallait être vraiment malsain pour jouer avec la vie des gens de la sorte. L’autre raison pour laquelle Ivanna avait préféré lui obéir et envoyer le message à sa sœur, c’est qu’au moins l’information venait d’elle et pas un inconnu.

Oxana fit une petite moue. C’est vrai qu’il valait mieux que ça vienne d’Ivanna plutôt que quelqu’un d’autre. Mais elle aurait également préféré que ça vienne de sa propre initiative et non pas forcé par The Lying Game. Les deux sœurs ne pouvaient rien y changer à présent de toute façon. Oxana buvait son verre et le posait sur la table basse. Elle ne pouvait s’empêcher de jouer nerveusement avec ses mains.

Elle se demandait si ça s’arrêtait là ou si ce n’était que la partie visible de l’iceberg. Était-elle dealeuse de drogue ? Avait-elle d’autres activités illégales ? Et puis pourquoi vendre de la marijuana ? Ivanna eut un moment d’hésitation, gardant le silence comme si elle cherchait ses mots. Elle finit par lui expliquer que lorsqu’elle était partie de Russie, Ivanna l’avait mal vécu et elle avait fugué. Oxana ne s’attendait pas à entendre ça. Elle la regardait bouche bée. Elle aussi avait fugué ? Oxana l’avait fait plus part contrainte que par choix. Enceinte à 16 ans, elle était une honte pour ses parents, elle représentait le péché et tout ce que son éducation lui interdisait.

Pour survivre, Ivanna avait dû vendre de la drogue en Russie. Et en arrivant aux Etats-Unis, elle avait continué de dealer de la drogue, parce qu’elle n’avait pas d’autres ressources. Oxana resta silencieuse quelques secondes, avant de prendre la main de sa sœur dans la sienne. « Ivanna… si tu as besoin d’argent ou d’un travail, je peux t’aider. Tu aurais dû me demander, je suis sûre que tu peux trouver autre chose que de vendre de la drogue à des étudiants. » Contrairement à ce qu’on pourrait croire, Oxana ne roulait pas sur l’or. C’était Yago qui avait de l’argent mais c’est vrai que de pouvoir vivre chez lui et ne pas payer de loyer lui permettait de mettre de l’argent de côté. Elle aussi était arrivée Aux US sans argent en poche. Elle avait fini dans un foyer pour femmes, s’était débrouillée comme elle pouvait.

C’était connu que les animaux pouvaient apaiser les Hommes et Ivanna en faisait l’expérience tandis que Bosco, le chien de sa grande sœur, montrait sa joie à voir un nouveau visage dans cette grande maison. Maison d’ailleurs, qui, au goût d’Ivanna était beaucoup trop vaste juste pour Oxana et le chien. Au moins, ce dernier avait de l’espace pour gambader et se défouler ce qui devait être plutôt bien pour lui. Ivanna sourit légèrement en voyant la queue de Bosco bouger dans tous les sens et en plongeant ses yeux dans les yeux pétillants de cet être vivant qui ne demandait que de l’attention et être aimé. Au final, les humains demandaient aussi plus ou moins la même chose mais le problème était que les relations entre eux étaient souvent compliquées, beaucoup plus qu’une relation qu’entretient un chien avec son maître.

Pendant qu’Ivanna racontait brièvement son histoire, elle vit que sa sœur faisait une drôle de tête mais cela ne la déconcentra pas. Il fallait absolument que sa sœur croit à son histoire afin qu’Oxana ne se doute pas qu’Ivanna avait décidé de masquer quelques parties du tableau. Elles jouaient toutes les deux à un jeu assez difficile, les deux sœurs ne connaissant pas les règles et les issues de la partie qu’Ivanna avait commencée.

C’était la première fois qu’elle confiait à sa grande sœur le fait qu’elle avait fugué de chez elles, en Russie. Elle aurait pu le lui dire plus tôt, après tout, Oxana aussi l’avait fait d’ailleurs environs au même âge qu’Ivanna mais elle n’avait pas voulu. Elle avait préféré pouvoir retrouver sa sœur dans de bonnes conditions et puis il avait bien fallu qu’Ivanna trouve un moyen de survivre à l’époque. Elle n’avait peut-être pas choisi le meilleur moyen aux yeux des autres pour cela, mais elle l’avait quand même fait, elle avait rejoint une des mafias les plus puissantes du monde et elle s’en était sortie sans aucune égratignure alors qu’elle n’avait encore été qu’une ado. Elle en cela voyait un signe, comme si elle était faite pour travailler là-dedans, qu’elle avait un don. Certains étaient des virtuoses, d’autres des surdoués, elle était un génie du crime et elle aimait ça.

Oxana, après quelques secondes sans rien faire, posa ses mains sur celles d’Ivanna quand cette dernière eut fini de parler. Ivanna accepta le contacte et regarda sa sœur dans les yeux pendant qu’elle lui expliquait qu’elle pouvait l’aider et que la cadette n’avait pas besoin de vendre de la drogue à des étudiants pour avoir de l’argent. Ivanna ne montra rien sur son visage ni à travers son corps quand elle entendit sa sœur parler d’étudiants. Oxana ne pouvait pas se rendre compte mais surtout, elle ne le devait pas, qu’Ivanna ne se contentait pas de vendre des 20 balles à des jeunes, oh non, loin de là. Déjà, quand elle vendait à des particuliers c’était à des personnes très riches mais désormais, elle refusait ce genre de basses besognes. Elle visait plus haut, plus important. Elle aidait Tiphanie à l’échelle mondiale pour des trafics d’armes et de drogues. D’ailleurs c’était aussi pour cela qu’elle était partie en Europe au début de l’année et qu’elle allait partir au Mexique. Elle avait pleins de projets en tête et elle ne mentait pas quand elle disait qu’elle ne vendrait plus d’herbe mais elle vendrait plus gros et à une plus grande échelle.

Elle ne savait pas trop quoi dire quant à la proposition de sa sœur pour l’aider à trouver un travail. Ivanna n’avait pas envie de travailler pour un patron dans une boîte de merde avec des horaires impossibles. Elle voulait sa liberté. Mais elle n’avait pas trop le choix, elle ne pouvait pas continuer à faire croire à sa sœur qu’elle vivait bien seulement avec ses activités de photographe car même si elle commençait à se faire un peu connaître, elle était loin de pouvoir vivre entièrement grâce à cette activité. « Ecoute c’est gentil Oxana, oui si tu veux m’aider je veux bien. Je n’ai plus envie de faire ça, c’était vraiment parce que j’étais obligée… » Ivanna avait une mine assez triste et elle regardait le sol, comme si elle avait honte de ce qu’elle avait fait mais ce n’était pas le cas. En revanche, elle sentait bien une honte, celle de mentir à sa sœur pour se protéger mais aussi pour la protéger. « Mais… ça ne t’étonne pas que j’ai fugué ? Enfin je veux dire que t’as l’air de l’avoir assez bien pris, tu te poses pas de questions vis-à-vis de ça ? » Il était vrai qu’elle essayait clairement de détourner le sujet de la conversation mais Ivanna avait quand même été étonnée de la réaction de sa grande qui n’avait pas trop réagi à la révélation qu’Ivanna avait gardé secrète depuis qu’elles s’étaient retrouvées.

La villa était grande depuis que Yago était parti à New-York. Oxana s’y sentait un peu seule mais elle avait rendu son appartement quand elle était venue s’installer là et Bosco adorait pouvoir gambader dans la maison et le jardin. Elle pouvait aussi recevoir facilement des amis à diner ou à prendre un café si elle avait envie, ils étaient moins à l’étroit que dans son petit studio qu’elle avait avant. Comme ce soir avec Ivanna, même si elle était inquiète alors le reste était secondaire.

Ivanna lui expliquait qu’elle dealait un peu de cannabis, c’est tout. Rien de plus, c’était que de temps en temps pour compenser, se faire un peu d’argent. Elle avait commencé en Russie, avant de venir aux Etats-Unis. Parce qu’elle avait fugué et quitté la maison familiale, comme sa grande sœur quelques années auparavant. Ça, Oxana ne l’avait jamais su. Il faut dire qu’elle n’avait jamais eu la moindre information, le moindre contact avec sa famille depuis qu’elle avait quitté la Russie. À vrai dire, Oxana s’était posée beaucoup de questions sur ce qu’ils étaient devenus mais elle avait toujours été optimiste sur leur avenir, elle s’était toujours dit que tout avait bien tourné pour eux.

Elle n’avait pas envisagé une seule seconde que ça aurait pu tourner de cette façon. Sa colère et son inquiétude sur le deal de cannabis était redescendu d’un coup. Elle s’inquiétait plus pour sa sœur et la situation dans laquelle elle s’était mise. Elle n’avait pas envie de voir sa petite sœur galérer, qu’elle en soit rendue là. Évidemment, elle tombait dans le panneau et croyait sa sœur Ivana quand elle lui disait qu’elle ne vendait que sur le campus à des étudiants. Elle ne se doutait pas un seul instant que ce n’était que la partie visible de l’iceberg.

Ça la tuait qu’elle en soit rendue là, à dealer pour s’en sortir. Oxana s’empressa de lui dire que si elle avait besoin de quoique ce soit, elle était là. Elle pouvait lui prêter de l’argent ou l’aider à trouver un travail. Elle était sa grande sœur après tout, c’était son rôle de la protéger et de l’aider. Elle avait failli en partant et en la laissant en Russie avec leurs parents et leurs frères et sœurs. Peut-être que la culpabilité prenait le dessus. Ou le sens de la responsabilité. Ivanna était adulte, elle s’était débrouillée sans elle jusqu’ici, pourquoi aurait-elle besoin d’Oxana maintenant ? Mais en même temps, l’aînée Dmitrieva voulait rattraper ses erreurs, son absence. Elle aurait dû être là pour Ivanna.

Ivanna la remercia de proposer son aide. Elle voulait bien, ça lui permettrait de ne plus être obligée de vendre du cannabis sur le campus de l’université. Elle fixait le sol, elle avait l’air triste et perdue. Oxana resserra doucement sa main contre la sienne, comme pour la réconforter. Elle allait dire quelque chose, poser quelques questions mais sa petite sœur prit la parole en première. Elle revenait sur le fait qu’elle avait fugué en Russie, elle s’étonnait que sa sœur ne se pose pas plus de questions.

C’est vrai qu’Oxana était plus obnubilée par le fait qu’elle avait dû dealer pour s’en sortir. Oxana était un peu prise de court par sa question. Elle n’avait pas eu le temps d’y réfléchir et de le digérer. « Si, un peu… Je veux dire, les parents étaient stricts mais on n’était pas si mal là-bas… Comment ça se fait que tu sois partie comme ça ? Ils n’ont pas cherché à te retrouver ? »

Elles avaient toutes les deux manqué tellement de choses sur la vie de l’autre. C’était comme si à chaque fois elles avaient de nouvelles choses à s’avouer. Elles avaient toutes les deux des choses à cacher et peut-être une envie commune de ne pas se décevoir mutuellement tout en voulant protéger l’autre. Oxana avait gardé le secret de son agression à Halloween et avait coupé les ponts avec sa famille en quittant la Russie, et Ivanna gardait un lourd secret qui était tout simplement le chemin de vie qu’elle avait pris. Elle était obligée de mentir à sa grande sœur pour la préserver et préserver leur relation.

Ivanna pouvait désormais se permettre de partager des choses qu’elle avait vécu avec sa grande sœur, après tout elle savait maintenant qu’Ivanna dealait. En revanche, elle ne savait pas que ce n’était qu’une toute petite partie du puzzle qu’Ivanna voulait bien montrer à Oxana. Elle n’allait surement pas lui dire qu’elle avait travaillé pour la mafia en Russie et qu’elle avait continué dans cette voie-là une fois arrivée à Phoenix. Mais comme une petite partie de son histoire avait été dévoilée, la plus jeune des deux sœurs pouvait alors se permettre de partager avec Oxana ce qu’elle avait vécu à Moscou après que sa grande sœur avait quitté le pays.

Ce n’était pas quelque chose de facile pour Ivanna à raconter, mais elle n’avait pas le choix, il fallait qu’elle noie le gros poisson, sa vraie vie cachée et tourner la conversation vers sa fugue en était le bon moyen. Au-delà ce cet aspect, Ivanna était quand même contente de pouvoir enfin raconter tout cette période de sa vie à sa grande sœur, elle voulait qu’elles soient proches, qu’elles rattrapent le temps perdu et cela passait par le besoin de se raconter ce qu’elles avaient vécu pendant toutes ces années sans s’être vues.

Peut-être qu’Oxana commençait à prendre réellement conscience que son départ et son absence n’avaient pas été sans conséquences sur la vie de la jeune Dmitrieva puisqu’Oxana lui proposa son aide financière ou pour trouver un boulot. Ivanna fit mine d’accepter mais pendant toutes ces années, elle avait appris à se débrouiller sans sa grande sœur et ça n’allait pas changer. Mais Ivanna devait jouer un rôle, comme bien souvent à cause de ses activités illégales et elle allait s’y tenir. Comme avec Ethan, elle devait faire croire qu’elle subissait cette situation alors qu’elle l’avait choisie, peut-être pas en connaissance de cause quand elle avait rejoint la mafia Russe mais quand elle avait décidé de rejoindre celle de Phoenix, elle avait su dans quoi elle allait s’embarquer, et cela ne l’avait pas faite reculer pour autant.

Pas si mal ? Ivanna ne pu s’empêcher de faire les gros yeux. S’ils avaient été « pas si mal » comme sa grande sœur l’avait insinuée, elle n’aurait sûrement pas quitté cette baraque de merde et leur pays natale. Ivanna se rendit compte que sa sœur avait été complètement à côté de la plaque et que si elle n’avait pas cherché à prendre des nouvelles de sa petite sœur c’était parce qu’elle avait crû que tout se passerait bien pour elle dans cette famille de dégénérés. Comment pouvait-elle être aussi naïve ? Leurs parents étaient des ordures qui pensaient que le fric était la solution à tout. Ivanna les détestait et entendre ça de la part de sa grande sœur qui avait dû fuir à cause d’eux la tuait. « Pas si mal Oxana ? Ca se voit que ça fait longtemps que tu ne les a pas côtoyé… Je sais pas comment t’expliquer tout ça… » Elle marqua une pause, elle s’apprêtait à se dévoiler, à ouvrir son cœur à sa grande sœur, à lui expliquer la souffrance qu’elle avait ressenti à son départ et les conséquences que cela avait eu sur sa vie. « Quand tu es partie j’ai commencé à péter les plombs. Je supportais plus cette famille, je supportais pas que nos parents t’aient laissée partir et surtout que tu m’avais comme abandonnée. Alors je sais pas, j’ai commencé à sécher les cours et à voler je crois. Je faisais souvent le mur je rentrais plus la nuit enfin bref. Un jour comme pour me punir, ils ont décidé de me retirer mon argent de poche. Non mais tu te rends compte ? Je fuguais je volais et eux ils pensaient pouvoir m’avoir avec du fric ?? Bref, ça n’a fait qu’empirer la chose, comme j’avais plus de thunes il fallait bien que j’en gagne, alors j’ai vendu de la drogue et j’ai fugué, je suis plus revenue à la maison. Après quelques mois à vivre dehors sans que personne ne me cherche, je me suis faite attrapée et j’ai passé une nuit en taule. Pourquoi une nuit seulement ? Parce que quelqu’un avait payé la caution, qui ça ? Nos parents sauf qu’en échange ils voulaient que je rentre à la maison et que je me range. Oxana ils ont fait ça pour me contrôler pas pour me libérer ! Et voilà depuis je suis ici, après ça j’ai pris le premier avion direction Phoenix et voilà comment je me suis retrouvée ici. » Ivanna avait les larmes aux yeux, mais ce n’était pas de la comédie cette fois, c’était vraiment ce qu’elle avait vécu et le revivre restait assez douloureux.

Oxana n’avait pas la moindre idée de ce qui s’était passé dans la famille Dmitriev après sa fugue. Elle s’était toujours imaginée qu’ils avaient continué leur vie comme avant. Même école, mêmes habitudes, même église. C’est du moins ce qui la rassurait quand elle essayait de deviner ce qu’ils étaient devenus. Elle voulait se dire que sa famille avait pu continuer avec une vie tranquille, sans encombre. Mais Oxana était sûrement trop optimiste ou naïve.

Ça ne s’était pas passé exactement comme ça pour Ivanna et sa grande sœur commençait petit à petit à s’en rendre compte. Déjà cette histoire de vente de drogue. Elle était tombée là-dedans avant d’arriver aux Etats-Unis. La colère d’Oxana était redescendue. Maintenant, elle était surtout inquiète pour elle. Elle se sentait également un peu coupable et responsable pour ce qui lui était arrivé. Elle était sa grande sœur, elle aurait dû être là pour elle, la protéger.

Si elle n’avait pas pu la protéger à l’époque, aujourd’hui Oxana pouvait au moins l’aider. Si elle avait besoin d’argent ou de l’aide pour trouver un travail, elle était prête à l’aider. C’était son rôle après tout. Ivanna avait su détourner l’attention de sa sœur. Maintenant, elle se concentrait plus sur ce qui lui était arrivée et non plus le fait qu’elle vende de la drogue aujourd’hui. Oxana ne posait plus trop de questions sur ce qu’elle faisait, elle ne cherchait pas à savoir s’il y avait plus que de la vente de cannabis à des étudiants.

Mais il faut dire qu’apprendre que sa petite sœur avait fugué était un choc pour elle. Petit à petit, Ivanna comblait les blancs des années qui les avaient séparées. Elle savait bien que leur famille n’avait jamais été la petite famille parfaite rayonnante de bonheur mais ils n’étaient pas maltraités ou malheureux non plus. Simplement leurs parents étaient stricts avec eux et la fratrie Dmitrieva avait peu de liberté. Seuls comptaient l’argent, la discipline et la messe le dimanche. Ivanna n’avait pas une vision aussi positive que sa sœur.

Ivanna lui expliqua qu’après son départ, elle n’avait plus supporter ses parents. Elle avait eu l’impression qu’Oxana l’avait abandonnée. Cette dernière fit une grimace, se tendant légèrement. Elle n’avait pas tort en un sens, même si ce n’était pas son but. Ivanna avait commencé à mal tourner en séchant les cours et faisant le mur. La seule punition trouvée par ses parents était de la priver de son argent de poche. Sans argent, elle avait dû trouver un moyen de se faire de l’argent. C’est comme ça qu’elle avait commencé à vendre de la drogue.

Après ça, Ivanna avait fugué. Ça avait pris quelques mois avant que ses parents ne la retrouvent. Enfin, plutôt la police. Elle avait passé une nuit en prison avant que ses parents ne paient sa caution. Mais ses parents cherchaient juste à la contrôler, à la ramener dans le droit chemin et sous sa coupe. Alors elle avait fui et elle était venue à Phoenix. Oxana voyait bien combien ça touchait sa sœur, elle était au bord des larmes. Elle ne savait pas quoi dire. Elle ne pouvait pas changer le passé de toute façon. La jeune femme prit sa sœur dans ses bras, la serrant contre elle. « Je suis désolée Ivanna, j’aurais dû être là ».

Deux enfants sur quatre qui fuguent, clairement, les parents Dmitrieva avaient loupé quelque chose dans leur éducation. Trop stricts, trop religieux, trop axés sur l’argent, les raisons pouvaient être nombreuses… Mais Oxana n’aurait pas cru que ça tournerait de la sorte pour sa petite sœur, sinon elle aurait cherché à reprendre contact. « Si j’avais su, j’aurais repris contact, je te le promets. Mais… je ne pensais pas que ça se passerait comme ça… J’avais honte… Et j’avais peur qu’Alekseï me retrouve… »

Peut-être que si Oxana n’était pas tombée enceinte, qu’elle n’avait pas eu à affronter leurs parents, elle n’aurait pas quitté leur famille et aurait accepté la vie imposée par leurs géniteurs. Peut-être que si la vie de la famille Dmitrieva avait suivi ce chemin, Ivanna aurait continué de suivre le sien, celui qui lui avait été tracé quand elle était petite, celle d’une fille sérieuse, douée et sage. Ou peut-être pas, sûrement que d’une façon ou d’une autre, elle n’aurait pas supporté les idéaux de cette famille. Le départ d’Oxana avait été l’élément déclencheur qui l’avait conduit à sa nouvelle vie mais si ça se trouvait, il y en aurait eu un autre bien des années plus tard.

Ivanna était une jeune femme qui avait soif de libertés. Elle ne l’avait pas tout de suite su mais quand elle avait commencé à y goûter, elle n’avait plus pu s’empêcher d’en redemander encore et encore. Elle savait tout de même qu’il y avait des règles dans la vie, bien sûr, mais elle n’était pas prête à en accepter certaines. Ça pouvait sembler futile mais pour Ivanna, aller tous les dimanches à l’église, ça avait été comme une prison pour elle. Elle avait eu l’impression que pendant toute son enfance elle avait vécu dans une prison plus ou moins dorée. Mais elle n’avait jamais voulu de ça elle, ce qu’elle voulait c’était découvrir la vie, allait toujours plus loin, la croquer à pleines dents.

Elle aurait pu la consommer, devenir dépendante à toutes ces drogues qu’elle avait vu passer entre ses mains mais Ivanna avait décidé d’être forte, elle l’avait toujours été, et de se servir du pouvoir de ces substances pour sortir de la merde, pour faire quelque chose de sa vie, pour vivre librement. Elle en avait fait des choses, des choses qu’elle n’aurait sûrement jamais dû faire mais elle avait eu besoin de ça pour suivre son chemin, pour accéder à la liberté tant rêvée. Aujourd’hui, elle se retrouvait à vivre aux Etats-Unis, dans le pays où tout les rêves pouvaient être réalisés. Elle y était arrivée grâce à son parcours et grâce à ses choix, elle ne les regretterait jamais.

Pour autant, elle ne remercierait jamais ses parents pour lui avoir donné ce goût pour la liberté. Sans eux, elle aurait peut-être été une gamine plus posée et qui aurait suivi un autre chemin. Même si elle aimait celui qu’elle avait emprunté, elle ne pouvait pas s’empêcher de les détester. Elle ne pensait quasiment plus à eux, pour elle c’était comme s’ils n’avaient jamais existé. Jamais elle ne voudrait remettre les pieds à Moscou pour les revoir, non jamais. Elle n’avait pas besoin de leurs billets, elle gagnait déjà son argent, et surtout elle n’avait pas besoin de leur regard désapprobateur et froid.

Raconter cette partie de sa vie remuait Ivanna qui se mit à se souvenir de pleins de choses difficiles mais qu’elle avait réussi à surmonter et sûrement pas grâce à l’aide de sa famille. C’était les gens de la rue qui l’avaient accueillie, personne d’autre. Ivanna sentit alors sa grande sœur la prendre dans ses bras après ces quelques révélations. Elle comprenait qu’elle ne savait pas quoi dire, elle n’aurait pas su non plus. « Oui » Elle se contenta de cette réponse, elle acceptait les excuses de sa sœur, de toute façon c’était désormais du passé mais elles concédèrent toutes les deux que oui, Oxana aurait dû être là.

Ivanna profita de leur étreinte, elle avait l’impression que ça faisait des lustres qu’elle n’en avait pas eu. Elle laissa ensuite Oxana s’éloigner pour la laisser parler. Elle aussi avait des choses à dire, elle essaya dans un premier de se justifier, d’expliquer pourquoi elle n’avait pas repris contact. Ivanna se contenta de la regarder, elle le savait ça, elle savait désormais qu’Oxana ne l’avait pas fait parce qu’elle avait cru que tout irait bien dans le meilleur des mondes. Ivanna ne pouvait pas lui en vouloir, du moins ça n’en valait pas le coup et puis elle savait que sa grande sœur avait toujours eu tendance à voir le bien même dans le mal. Mais ce qu’elle dit ensuite intrigua Ivanna. Elle se souvenait qu’Oxana et Alekseï s’étaient séparés parce qu’Alekseï avait voulu qu’Oxana avorte, mais sa grande sœur n’avait jamais dit à Ivanna qu’elle avait eu peur de lui. Elle sécha alors ses quelques larmes et fronça les sourcils. « Comment ça t’avais peur qu’Alekseï te retrouve, pourquoi t’avais peur de lui ? »

Oxana avait beaucoup réfléchi, beaucoup imaginé ce à quoi sa vie aurait ressemblé si elle était restée en Russie, si elle n’avait pas rencontré Alekseï, si elle n’était pas tombée enceinte. Elle pouvait refaire le monde avec des « si ». Même si ses parents n’étaient pas parfaits, les enfants Dmitriev n’avaient pas eu la pire des enfances. Stricts, catholiques, mais ils n’avaient jamais manqué de rien. Pour autant, quand on est adolescente, ce n’était jamais facile. Oxana ne s’était pas attendu à ce que ça aille jusqu’au point où sa sœur fuguerait.

Peut-être que les choses se seraient passées différemment si Oxana n’avait pas fui en premier. Peut-être. Peut-être pas. Au fil des années, Oxana avait appris à ne plus se poser ce genre de questions. Ça empoisonnait les pensées, c’était chronophage et ne permettait pas d’aller de l’avant. Parfois, il fallait passer à autre chose, mettre le passé derrière soi. Et d’autres fois, il fallait revenir sur le passé, pour débloquer certains passages, les mettre réellement derrière soi.

Comme en ce moment. Oxana avait quasiment oublié le sujet de départ, le sujet de ses préoccupations. La drogue, le fait qu’elle en vende. C’était quasiment secondaire. Elle se concentrait plutôt sur le fait que sa sœur avait dû fuir adolescente et se débrouiller toute seule. Elle ne savait pas, elle ne s’en était pas doutée un seul instant et elle détestait l’idée de sa petite sœur, seule, dans la rue. Elle avait dû se débrouiller toute seule, pour pouvoir se nourrir, se loger. Se faire un peu d’argent, comme elle pouvait et ce qui paie le mieux, reste de travailler dans la rue, pour quelques gangs ou des choses comme ça. On gagne plus en revendant de la drogue qu’en étant caissière au supermarché, c’est sûr.

Oxana sentait bien à quel point cette période de sa vie avait marqué Ivanna. Ça se voyait à son visage, ses mains nerveuses. Ça s’entendait dans sa voix. Il n’en faut pas plus pour qu’Oxana la prenne dans ses bras. Le besoin de la réconforter, de la protéger même si elle ne pouvait rien changer à ce qui s’était passé. Oxy ne savait pas quoi dire, à part qu’elle était désolée. Elle n’avait pas cru que l’adolescence de sa petite sœur aurait tourné de cette façon. Elle aurait aimé avoir été présente pour elle, pour l’aider et la soutenir, mais ça n’avait pas été le cas et elle ne pouvait rien y changer.

La jeune femme finit par lui avouer qu’elle avait eu peur de reprendre contact, elle avait honte. Et peur qu’on la retrouve. Qu’Alekseï la retrouve. C’est ce qui fit tiquer Ivanna. Elle ne comprenait pas pourquoi Oxana avait peur de lui, elle fronçait même des sourcils. Oxana passa une main dans ses cheveux, remettant une mèche derrière son oreille. Elle était un peu nerveuse, elle n’aimait pas ce sujet. « En quelque sorte… Je… Je suis sûre qu’il était furieux quand je suis partie, sans dire un mot, avec son enfant… J’avais peur qu’il me retrouve, me force à avorter, ou si c’était trop tard, me prenne mon bébé… Je ne sais pas, je n’étais peut-être pas très rationnelle… » Mais il faut dire qu’à l’époque, elle n’avait que 17 ans et tout son petit monde, ses certitudes, s’écroulaient. Et Alekseï n’avait jamais été un enfant de cœur. Même s’il ne lui avait jamais fait de mal, qui sait comment il aurait pu réagir. Il évoluait dans un monde violent, hors des lois et ça peut être impressionnant pour une jeune fille, du haut de ses 17 ans.

Comment Ivanna aurait réagi si elle avait été enceinte au même âge qu’Oxana dans leur famille ? Elle n’en avait aucune certitude mais sûrement de la même façon qu’Oxana, elle aurait fui cette maison, ses parents, cette ville et ce pays. En revanche, elle n’aurait jamais quitté cette vie sans avertir les membres importants de sa famille, sans leur donner une chance de fuir avec elle.

Aussi, si ça avait été arrivé à Ivanna, elle imaginait bien qu’elle n’aurait pas eu à devoir fuir celui avec qui le bébé avait été conçu. Sauf que pour Oxana, la situation avait été bien plus compliquée, le père étant ce fameux Alekseï, cet homme qu’Ivanna n’avait jamais vraiment rencontré mais qu’elle détestait au plus profond d’elle-même. Elle le haïssait déjà parce que c’était à cause de lui que sa sœur était partie mais aussi parce qu’il était un des maillons forts du réseau mafieux de Moscou et Ivanna avait un peu peur de lui. Oxana avait aussi confié à Ivanna le jour de leurs retrouvailles plus d’un an auparavant qu’Alekseï l’avait laissée partir seule dans un nouveau pays et qu’Oxana avait fini dans une famille d’accueil à trois mois de grossesse, du moins c’était ce que la jeune Dmitrieva avait compris. Quel genre d’homme laissait une femme seule comme ça à l’autre bout du monde ?

Ivanna se rendit alors compte que pleins de questions sur le départ et surtout les circonstances du départ de sa sœur étaient restées en suspens, elle n’était donc pas la seule à avoir des petits secrets… Pourquoi Alekseï et Oxana avaient mis fin à leur relation ? Pourquoi Oxana était partie sans dire un mot comme elle venait de le confier à Ivanna ? Elles avaient beau s’être retrouvées des pans de chacune de leurs vies resteraient sans doute toujours secrets et inexplorés. Ivanna avait trop peur de la réaction de sa sœur pour tout lui confier et c’était peut-être aussi le cas pour Oxana sur certaines choses qu’elle avait vécu durant toutes ces années d’absence.

En tout cas, Ivanna avait réussi à complètement changer le sujet de la discussion. Il n’était plus question d’elle et de son petit trafic de drogue mais bien de sa grande sœur et de cet homme néfaste et froid ainsi que de ce bébé qui n’avait jamais pu voir le jour. « Mais pourquoi t’es partie dans un premier temps, pourquoi vous vous êtes quittés ? Parce qu’il voulait que t’avortes ? Je veux dire c’était pas à lui de décider ! » Ivanna était un peu perplexe, toute cette situation lui paraissait étrange, un homme ne pouvait pas vouloir du mal à une femme qu’il avait aimé quand même, à moins que si ? « Pourquoi il t’a pas soutenue ? Pourquoi il t’a laissée partir comme ça ? Je t’avais jamais posé la question depuis la première qu’on s’est revues parce que ce sujet est sensible mais maintenant qu’on y est… Il était violent avec toi Oxana ? » Ivanna était vraiment étonnée de la tournure qu’avait pris toute cette histoire, enfin elle s’en était doutait mais elles n’en avaient jamais vraiment parlé toutes les deux. « Et je sais qu’il est venu vivre à Phoenix, qu’il est là en ce moment, tu le vois encore, t’as toujours peur de lui ? » Ça faisait beaucoup de questions mais en même temps, tant étaient restées sans réponses.

Oxana et Ivanna était un peu différentes, déjà enfant. Le choix d’Oxana n’aurait peut-être pas été le même que sa sœur mais elles ne pouvaient pas revenir des années en arrière, ce qui était fait était fait. Mais elles pouvaient au moins rattraper le temps perdu et essayer de recoller les morceaux, retrouver leur complicité.

Finalement, les activités de dealer d’Ivanna étaient passées au second plan pour évoquer plutôt ce qui s’était passé à Moscou après le départ d’Oxana. Elle ne s’était pas doutée un seul instant que sa sœur avait fugué et qu’elle avait dû se débrouiller toute seule pour vivre. A aucun moment Ox ne l’avait imaginée dans la rue, à dealer pour se faire de l’argent. Sinon elle aurait repris contact plus tôt, elle aurait cherché à l’aider.

Mais la Oxana de 17 ans était effrayée et un peu perdue à l’époque. Elle avait fui, se retrouvant sans soutien et pensant qu’Alekseï n’accepterait jamais sa décision et la forcerait à avorter. En fuyant le pays, elle s’assurait qu’il ne pourrait pas le faire. Elle avait peur qu’il lui en veuille, qu’il lui reproche d’être partie. C’était peut-être démesuré ou idiot comme peur mais elle n’était pas très rationnelle à l’époque. Elle n’était pas retournée en Russie par la suite parce qu’elle avait peur qu’Aleks découvre qu’elle n’avait pas avorté, même si elle avait fait une fausse couche. Et parce qu’elle avait honte.

Tout ça faisait poser beaucoup de questions à Ivanna, elle ne comprenait pas le départ de sa sœur à l’époque. ab]« Il ne voulait pas garder l’enfant, il avait été très clair là-dessus. J’avais peut qu’il insiste jusqu’à ce que je cède et que j’avorte… »[/b] C’était facile de dire que ce n’était pas lui qui décidait mais Oxana n’a pas la force de caractère de sa sœur et elle savait qu’Alekseï pouvait se montrer persuasif. Ivanna ne comprenait pas pourquoi il ne l’avait pas soutenue à l’époque, comment il avait pu la laisser partir. Elle se demandait même s’il avait été violent avec elle. Oxana secoua la tête. « Non, il n’a jamais été violent. Je suis partie sans rien dire. Loin, pour qu’il ne me retrouve pas. Aleks n’a jamais été violent avec moi mais il n’a rien d’un enfant de cœur. Même si j’étais naïve, j’en avais conscience. Et puis on était jeune, avoir un enfant à cet âge-là, c’est jamais prévu. Il ne voulait pas d’une telle responsabilité ».

C’est vrai qu’Alekseï était arrivé à Phoenix. Il vivait dans la même ville qu’elle, ils s’étaient croisés plusieurs fois. Il était venu à son travail la première fois, au icehouse. Oxana avait cru voir un revenant. [color)=olivedrab]« Non, je n’ai plus peur de lui. De toute façon, j’ai fait une fausse couche donc ça règle le problème. C’est juste que je lui en veux encore, c’est difficile à digérer. Surtout que maintenant il joue les pères modèles… »[/color]

Les conséquences de l’existence brève de ce bébé qui n’avait jamais vu le monde étaient loin d’être négligeable. Cette petite vie qui aurait dû apparaître avait bouleversé la vie d’Oxana, emportant celle d’Ivanna avec, la famille Dmitrieva et sûrement celle d’Alekseï aussi. Si cet évènement n’avait pas été arrivé, tout serait différent aujourd’hui. Peut-être qu’elles ne seraient pas à Phoenix mais encore à Moscou à vivre une vie paisible et rangée, ou peut-être pas. En revanche, Ivanna était certaine que sa vie n’aurait pas pris cette tournure sans cette grossesse non désirée. Certes, elle aurait sûrement aussi fini par couper les ponts avec sa famille et serait quand même devenue cette jeune femme en quête de liberté mais peut-être pas comme ça. Pas comme étant une mafieuse qui se camouflait sous son appareil photo, non.

Quand il s’agissait d’Oxana, Ivanna finissait toujours par ressasser le passé. En même temps, elle avait l’impression que c’était ce qui définissait leur relation, cette histoire, et ce qu’elle était devenue. Elle ne pouvait pas amputer le fait que pour elle si Oxana n’était pas partie à l’âge de dix-sept ans, sa vie aurait été tout autrement. Elle se retrouvait à devoir cacher à sa grande sœur ce qu’elle était devenue suite à ce départ, le chemin qu’elle s’était sentie obligée d’emprunter quand sa grande sœur l’avait abandonnée. Oxana n’avait donc pas le droit de la juger, pas après tout ce qu’elle avait enduré et heureusement que la conversation était désormais axée sur sa grande sœur et Alekseï plutôt que sur la vie et les choix d’Ivanna.

Ivanna ne pu s’empêcher de froncer une nouvelle fois les sourcils, Alekseï avait conduit Oxana à cette situation, à cette grossesse non désirée et comme leurs parents, il avait voulu que cet enfant ne voit jamais le jour et comme par hasard, le souhait de monsieur s’était exaucé. Peut-être que si cet homme n’avait pas autant insisté pour ce bébé ne naisse pas, qu’il n’avait pas mis autant de pression et de peur sur les épaules d’Oxana, elle n’aurait jamais fait cette fausse couche. « Je vois… » Ce comportement d’homme qui se croyait tout permis, qui pensait pouvoir décider de l’avenir d’une femme et des décisions qu’elle décidait de prendre pour son corps avait fini par faire fuir Oxana. Ivanna détestait tellement cet homme, elle espérait juste qu’il n’ait jamais été violent avec sa grande sœur, sinon elle aurait pété les plombs et elle n’aurait pas été responsable de ses futurs actes envers lui… Heureusement qu’Oxana lui confirma qu’il n’avait jamais levé la main sur elle. Alors de là à dire qu’il n’avait jamais été violent, Ivanna n’en était pas certaine, il avait bien fait subir une violence psychologique à sa sœur mais heureusement pas physique. « Oui enfin c’était facile pour lui de ne pas vouloir de cet enfant, te forcer à faire quelque chose que tu ne voulais pas et qui a eu pour conséquence de te faire fuir ton pays mais aussi abandonner ta famille » Elle ne pouvait pas masquer la haine qu’elle éprouvait envers cet homme et elle espérait bien qu’Oxana le ressente. Son visage habituellement angélique et enfantin était devenu dur et froid.

Les pères modèles… Ivanna savait de quoi parlait Oxana, elle avait rencontré la mère de cet enfant un an plus tôt, Misha et leurs retrouvailles avaient été plus que bizarres… La blonde lui avait annoncé que le père de cet enfant était Alekseï et son sang s’était glacé. Cette pauvre femme avait été changée, ce n’était plus la Misha qu’elle avait connu à Moscou, comme quoi tout ce qu’Alekseï approchait finissait bien abîmé… « Tant mieux, il a intérêt à te laisser tranquille » Son regard était sévère et déterminé. « Hum oui, l’enfant de Misha… Je l’ai croisée l’année dernière, elle se souvenait pas de moi ni de son frère d’ailleurs… J’ai cru comprendre que le père était Alekseï » Un rire nerveux s’échappa de sa bouche. « Ça va, il a pas exigé qu’une autre femme se fasse avorter cette fois-ci ? » C’était du sarcasme mais en même temps, au vu de la situation Ivanna n’avait pas trouvé un autre moyen pour s’exprimer.

La vie d’Oxana avait basculé quand elle avait appris qu’elle était enceinte à 17 ans. Elle n’aurait pas cru que ça aurait eu autant d’impact sur la vie de sa famille. Enfin, elle se doutait qu’il y en aurait mais pas à ce point. Elle pensait qu’ils auraient continué leur vie sans elle, sans trop de changement. Elle s’était lourdement trompée et sa sœur sous ses yeux en était la preuve. Oxana avait peut-être été trop naïve ou tout simplement ça la rassurait de penser que sa famille avait tranquillement continué sa vie.

C’était quand même perturbant, surtout quand on apprend que sa petite sœur avait fugué et qu’elle avait vendu de la drogue. Qu’elle vendait de la drogue encore aujourd’hui. Mais le sujet de leur discussion était plutôt centré sur Oxana et ce qu’elle avait vécu à l’époque. Que ce soit le rejet de ses parents, son départ pour les Etats-Unis, sa fausse couche et sa relation avec Alekseï.

Ivanna n’était pas la première à venir à Phoenix et à retrouver Oxana. Aleks était venu à Phoenix quelques années auparavant, pour le travail mais aussi parce qu’il avait retrouvé la jeune femme. Il s’était pointé à son boulot, un soir sans prévenir. Un choc pour Oxana. Elle avait pris peur, forcément. Il devait s’attendre à la retrouver avec un enfant mais ce n’était pas le cas. Sa relation avec lui était compliquée. Elle l’était encore.

Non, Alekseï n’avait jamais été violent envers elle mais ce n’était pas un enfant de chœur pour autant, Oxana le savait bien. Elle avait peur de lui, de sa colère, son influence. Elle avait peur qu’il l’oblige à avorter, lorsqu’elle avait 17 ans. Entre lui qui ne voulait pas qu’elle garde le bébé et ses parents qui la considéraient comme une honte à la famille, qu’ils ne voulaient plus la revoir, ça n’avait pas aidé, clairement. C’est bien pour ça qu’elle avait fui. C’est pour ça aussi qu’elle avait eu peur qu’on la retrouve.

Ivanna n’était pas aussi calme que sa sœur sur ce point. Comme elle le soulignait, il avait la position facile, il pouvait dire qu’il ne voulait pas de cet enfant, ce n’était pas lui qui le portait et qui avait perdu sa famille, quitté son pays. Ça… c’est sûr que lui avait dû continuer sa vie comme si de rien n’était, pas comme Oxana. La belle vie quoi. Elle pouvait lire sur le visage de sa sœur qu’elle ne portait pas du tout Alekseï dans son cœur.

De son côté, Oxana était plus que mitigée. Elle ne savait pas trop quoi penser d’Aleks. Par moment ils s’entendaient, par d’autre elle le détestait. Le plus dur, c’est quand elle avait appris qu’il avait mis Misha enceinte par accident. Et que cette fois, c’était lui qui avait insisté pour qu’elle garde le bébé alors qu’elle voulait avorter. Tout le contraire de son comportement avec elle. Ivanna était contente de savoir qu’il n’était pas proche d’elle. Elle avait entendu parler de l’enfant de Misha, qu’elle connaissait. Elle ne s’était pas souvenue d’elle ni de son frère. Oxana fit une petite moue. « Oui, c’est elle. Elle a eu un souci en Russie, elle a eu un accident qui lui a fait perdre la mémoire. C’est sûrement pour ça qu’elle se souvenait pas de toi. Non, tout le contraire… C’est elle qui voulait avorter et lui qui a insisté pour qu’elle garde le bébé… Lui qui voulait pas d’enfants… »